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Femme

  • Un Homme et une Femme

    Primo duetto... par une pratique d'improvisation, et dans un esprit de partage d'une quête qui nous est commune, Nebojsa CIRIC (http://incarnation.blogspririt.com) et moi-même, nous sommes aventurés dans une écriture rapide à deux, que nous offrons à votre lecture... heureuse ?
     
    Nebo anime l'homme, je fais la femme... 
     
     


    Femme
     
    ...allo coupable et verte cécité...
     
     
    Homme
     
    Je veux ouvrir les yeux hors ses écrins de bakélite et voir l'innocence affluer dessus ma mémoire.
     

    Femme
     
    ...aveu minable de nos contrariétés ?!
      

    Homme
     
    Louanges désertées. On se raccroche à ce qu'on peut. Être en mesure de traverser l'ici-bas en espérant mourir avant la fin du monde.
     

    Femme
     
    Dieu et la peur, notre mensonge adulera un cloître hanté de la mortalité à l'infantile baiser... sans le double à l'amour étranger du fluide masculin lourd d'un désir de femme entrée seconde, émancipée par votre livre absurde !
     
    Homme
     
    En vérité, ô mon soliloque, il n’y a pas ni première ni deuxième femme, il n’y a pas de but, il n’y a pas de fin, il n’y a pas d’autre vérité que celle-là : l’infini tournoyant et aspirant et inspirant le flux, le souffle, le sourire saint, la valse consécutive. Rien ne s’arrête. C’est la dague frappant la cuisse du chasseur dans sa course effrénée sur sa monture. Museau large. Sueur à même la crinière. Arc et flèches. Carquois des rêves à projeter. La Jouissance est là. En son écrin, accessible aux doigts qui osent en soulever le couvercle de nacre.
      
     
    Femme
     
    "Vous me plaisez soudain beaucoup..." - dirait l'Amour au marque-page à la vérité du partage et d'emblèmes bousculées des pains du crin mais de sa rage, aux mouvements sablés de ces croissants sauvages du bec jaune enveloppé de liens vissables - pour un autre merle.
     
    J'étais hantée enterrée, serrée de l'étoffe sous des baisers coupants de lunette bleue - ce trou dans l'imagier, ces gens heureux séparant leurs mains de celle de l'otage hêlant son dieu... mais que j'aimai alors deux mots rangés de l'éphémère sillage, ma tendre palissade duquel un amour flou fleurissait ce silence à vos larmes de feu...
     
     
    Homme
     
    Ne faites pas perler l’imaginaire d’un marque-page en lui supputant vos propres vices ou vertus vissables. Les vices ont des vertus et les vertus ont des vices. Je ne vous apprends rien. Optez pour une clarté sans ammoniac. Dites votre trame à votre aise, ne faites pas le succube ou la Lilith. Je ne dors pas et suis tout à votre écoute. D’ailleurs visserez-vous les liens qui vous conviennent aux issus que vous appelez de vos vœux avec votre ivresse confuse ? Y parviendrez-vous ? Les apparences peuvent se révéler vraies. Qu’elles vous inspirent la défiance appropriée. Vous ne voulez, en vérité, qu’une seule chose : retrouver le souffle qui vous a soulevés, jadis, lorsque vous avez respiré et tremblé conjointement, vous contre l’autre aux limites du désert. Le sel dans le vent. Les arbres trop rares. Vos souffles, je le sais, devenaient communs et vos plaies carnées étaient des psaumes. Vous ne vous êtes jamais autant appartenue que par le Corps d’autrui. Et vous aviez ce sentiment d’Être et de progresser dans le frémissement du Printemps.
      
    Et l’Autre ? Cet Autre se révélait par vous, à travers vous, au-delà de vous. Au-delà de lui vous trouviez votre ombre sereine et aviez de la réalité une vision nette, claire, réelle et poétique. Ensemble vous faisiez. Votre Acte était de tous les actes, leur paroxysme et leur couronnement. Verbe intacte incarné qui des caresses et des mots fait durer le monde, proroge sa valse, son tournoiement. Vous voulez être une vierge offerte au pied de l’autel sacrificiel du sexe érigé du dieu de votre immémoriale mémoire. Vous construisez cette œuvre que vous ne soupçonnez qu’à peine, or cependant elle vous réconcilie avec l’étoffe de l’Univers dont nous fûmes tirés il y a des milliards d’années et avec l’Être en vous qui s’insurge de n’être pas représenté à sa juste mesure. Et votre œuvre c’est vous-même, de votre spasme à votre déclin amorcé au jour de votre cri primal dans le monde. Votre œuvre est cette volonté de réconciliation. Elle est Poïésis. Fondation sans cesse renouvelée de votre architecture qui cherche à se propager dans les plis et replis du Temps et de l’Espace.
     
    Vous voulez retrouver cette chute enivrante, le sourire aux lèvres, la grimace du plaisir, la communion, la requête partagée, la co-naissance et le savoir immédiat, le croisement, le carrefour, la rencontre qui donne affrontement et communion qui sont l’un et l’autre communion et affrontement.
      
    Heureux les pacifiques qui ne sont pas des pacifistes. Vous êtes des guerriers l’heureuse naissance. De vos mains vous souhaiteriez, à même la glaise, tirer la glèbe de votre projet en devenir. Matérialité, temporalité, présence.
     
    Si je vous plais, soudain, beaucoup, dites-moi quel est le souffle de cette multiple splendeur qui cherche à se dire par votre langue, directement, ô ces mots suspendus à vos lèvres comme les jardins suspendus de Babylone et les dômes de la Perse antique tintant de mille feux entre vos dents qui mordent la réalité pour que le réel s’incarne. Ne faites pas parler les chimères et les fantômes issus de votre plexus d’où le magma éructe. Affirmez le charme qui tremble dans votre voix.
     
     
    Femme
     
    Les apparences peuvent se révéler vraies ? Mon haut-le-cœur est grand, cher inconnu à mes jours parlés devenus lourds de vos vertus ancestrales... Et si j'avais envie de vous - de votre tête ? Que seraient encore ces paroles qui nous entraînaient loin des rivières polies, proches de l'azur des trahisons bénies ? Je préférerais mourir, croyez-le bien, plutôt que d'en subir aucun désir... Mes larmes sont ici à vous. Ce qu'il me reste d'un corps de désuétude, tout empreint de mots d'oiseaux en rut qui me furent et pour toujours interdits.
     
    A moins que... vous savez ce qui allume la lueur dans les yeux des morts ? Avez-vous vu jamais regarder ceux-là qui vont tuer pour habiter ? Ce que conserverait votre vertu afin d'en faire son vice ? Un diable à la queue ventrue... son âme est ventriloque. Votre homme à deux pattes. Mon aveu - païen... et ma défunte histoire encadrée de ce mensonge à vous dire mon pardon. Vous, dont j'ignorerai sans cesse et jusqu'au bout le prénom dont la pauvreté m'appartient, définitive...
     

    Homme
     
    Dame ! Les vices ont des vertus et les vertus ont des vices ! Les vertus de mes vices, je me les garde et les vices des grandes vertus je les leur laisse. « À qui ? » me direz-vous ? Aux contempteurs, aux baveux, aux tristes sires qui bandent mollement et aux hystériques castratrices qui mouillent à l’idée de s’emparer de l’objet vif du Désir. Bref, aux prêtres et aux nonnes masqués.

    Les apparences ne se révèlent vraies que portées par quelques dandys cyniques, vous savez, de ceux qui n’indiquent le sens de leur profondeur que par l’étoffe de leur surface. Peut-être êtes-vous de cette race ?

    Entre les paroles et les actes, il y a souvent un gouffre insondable. Arthur le comprit en partant vers ses trafics dans la poussière du Harrar. Yukio aussi, s’éventrant possédé devant des yeux hagards. Ils léguèrent leurs plumes à une postérité muette en prenant la poudre d’escampette. Mine de rien, ils écrivent encore, même absents. Un murmure, comme un lointain tonnerre, clame leur dérive, leurs noces, leur éclipse, leur bénédiction et leur blasphème.

    Ignorez à tout jamais mon prénom, mon nom, ma date de naissance et tous ces colifichets dont j’ai hérité malgré moi, puisque ce sont mes mots et mon verbe qui me nomment le mieux selon votre vertu, vertu que vous cherchez à transcender en ondulant des hanches dans la sphère de l’interdit. À moins que vous ne cherchiez à la contourner en mettant le cap vers des vices que votre apparence s’offusque à considérer de manière appropriée.

    Méfiance… flamme écarlate ! C’est le Corps qui dicte et convoque. Le reste n’est que « pourléchage » blême et fiévreux, verbiage au ventre creux, voir inexistant. Maintenez-le en laisse et il vous dictera des maladies que vos songes ne conçoivent guère. Il a la primauté de l’Être en vous. Il lui faut des caresses et des extases. Après… la forme des jouissances inassouvies se doit d’être à votre convenance si vous estimez toucher au but : trancher les nœuds qui vous ulcèrent.
      
    Sade affirmait que « la femme bande par l’oreille », il vous faut donc des mots vous arrachant à vos maux les plus enfouis. Et ne craignez pas le paganisme qui n’est, à y regarder de plus près, que le catalogue liminaire des propriétés du Dieu Unique. Les Choses se révèlent à leur juste mesure et en leur Temps déterminé selon les conditions requises qui quémandent la levée du Voile à l’œil sachant voir sans se mirer dans son nombril.

    Vous savez être belle.
     
     
    Femme
     
     
    Vous arrachez ce bandeau de mes yeux... ils tombent dans un vide : les contours creux de ce nombril, dont vous sembliez heureux, parce qu'il respire d'une autre bouche et pulse, n'est-ce pas ? Je ne lui en veux pas d'une beauté ovale, mais... le Corps - disiez-vous ? Pour combien d'autres corps de la hauteur d'un phare à ce lac ensablé, mais de mes baisers pourpres, de votre langue ouverte au feu du désespoir - souriant à l'enfer... votre désir enfin mien en bras tendu poing raidi en toute résistance à la vie forcée, la main soudain ouverte, palmée du plaisir d'un nouveau-né. 
     
    Vous êtes élégamment beau et l'écho chez la femme est autrement heureux qui choisit puis blâme cet attrait qui vous hante, à la promesse de vos baisers d'un enchantement fugace. Cessez - ironisez sur l'espoir à toucher, lécher... boire ce qui n'offre que les morceaux d'une peau morte à votre bouche déjà exsangue... Je vous aime, et si ce mot vous paraîtra vêtu de sa traîtrise, sachez qu'elle stagne désirant son rayon crochu insensé de la quête d'un lendemain - que j'étrangle déjà...
     
    Je conçois mal, mon ami, que si la voix faisait effectivement bander la femme, celle-ci n'ait alors pas été active à la convaincre, obtenant qu'elle continue son oeuvre - encore et encore plus fort, plus loin et alors plus mort ? Cela m'étonnerait encore Monsieur, car la voix fait-elle autre chose que véhiculer la pensée d'un conducteur qui aura fait jouir cette femme épanouie, d'un jour à la fois... ou condamné cette autre au plaisir mortifié ? Les trajets du récepteur sont tellement plus longs et dangereux que ceux d'un émetteur en cette matière diffuse - cela, le sentez-vous ? J'aime un homme qui voit.