La prison du moi est un parc animalier. C'est un chien, c'est un chat, ou une tourterelle. Le manège des rats s'y déroule sans fin... A la prison du moi, j'ai appris à dormir. J'ai louché, le rire au bord des yeux, amoureux d'une girafe, parce qu'elle avait trois dents !
La prison du moi est la chose la plus ennuyeuse du monde... Elle vous prend par le col et vous colle un baiser. Elle est la mie de pain où l'on n'a pas osé plonger les doigts. A la prison du moi je suis mort cet été.
A la prison du moi, j'ai enlevé mon chat. Il dormait dans des murs de marbre rose. Il n'avait pas froid, seulement, je l'ai enlevé, arraché à cet univers clos...
A la prison du moi, j'ai cassé tous les murs. Ils étaient trop nombreux, trop gras et trop paresseux. Mon marteau à la main, j'ai frappé. Ils se sont écroulés, les uns après les autres.
A la prison du moi, je demeure toujours seul. Mes amis sont partis, par les trous du palier... Les rongeurs et les autres, tous m'ont abandonné.
A la prison du moi, il pleut chaque Dimanche. J'ai mal essuyé ma manche... Le chat dort dans mon ventre ! Taisez-vous, s'il-vous-plaît, il aime tant ses rêves... Ce sont d'ailleurs les miens.
A la prison du moi, je suis mort ce matin, et mon corps demeure, inutile paroi. Là où vous me verrez, je parlerai de moi, à vous, qui que ce soit... A la prison du moi, j'attends mon chat.