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  • "pour voir !"

     

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        Pour toujours elle devait leur cracher à la figure, "pour voir !". La jeune femme était maintenant verte, livide. Elle ne se cachait pas, mais elle pleurait, doucement, comme une enfant.

     

        Sa race l'avait pervertie, croyait-elle, car elle ne croyait plus en Dieu. Mais l'image qu'elle s'était faite de lui noircissait sa vision de la vie, en lui pourrissant l'existence...

     

        On s'attendrissait devant ce chaton mal peigné. Se sentir regardée ainsi pouvait être comme un baiser volé, timide, court...

     

        Mais personne ne reconnaissait dans cette bête infernale celle qu'elle voulait être devenue, pendant qu'elle courait en pleurant, sans savoir.

     
     

        Elle allait leur cracher à la figure des fleurs sur le point de mourir, des oiseaux égorgés que l'on n'arrivait plus à faire chanter, malgré la meilleure des bonnes volontés, et un peu d'herbe coupée jaune - pour la décoration.

        S'ils revenaient, s'ils tentaient par l'ardeur de leurs doigts emmêlés d'approcher la sauvagerie qu'elle ne savait pas devoir au tempérament naturellement félin de sa monture, elle serait douce et onctueuse avec eux.

     

        En réponse à la méchanceté affichée par tous les autres - ceux qui ne comprendraient pas sa valeur cachée, imméritée - elle serait assez bonne pour continuer, inlassablement, opiniâtre, à leur dire leurs vérités, celles qu'ils ne voulaient pas voir mais qu'elle avait vues, elle, avec ses yeux de chat, percevant la nuit ce que d'autres cherchent en plein jour... 

     

     

     

     

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  • Mourez, la fleur !

     

     

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        J'allais vite, elle ne courait pas, nous marchions ensemble. Le bleu du ciel, passé, la rosée, évacuée. La pluie tomba comme un four...

     

        Elle sourit, les yeux pleins des heures aux cornets surprises et aux volets absents, à la chair pitoyable et sûre. La nuit avançait sans entrailles, tandis que j'étais mort...

     

        Nous entrions dans la lumière éteinte de l'endroit... Ne voyant qu'une chevelure brune et farouche sans quiétude, je ne savais plus, qui de la femme ou de la mort j'aimais - celle que je préférais.

     

        Je fis rouler mon regard et aperçus son corps, enveloppé, à part. Occupée à caresser l'arrête de son nez, tout du long - je craignais de la voir occuper tout le visage... elle inclinait la tête avec régularité.

     

        Mes univers imaginaires prompts à l'amour facile ne me faisaient respecter que les silences de partition d'une armée d'automne... sa voix réchauffait l'hôte avec le vin.

     

     

    "Comme les parenthèses vous pèsent, jeune mort..."

     

    Mourez, la fleur !

     

    Femme, que vous emportez-vous ? J'ai refusé de battre la mort... Je tue.

     

    Vous refusez : moi aussi.

     

    La quoi ? Je ne vous entends pas. La cloche, que j'écoute la cloche. La vache me regarde indigne. 

     

    Mes amis sans voix, où étiez-vous ce jour où la vie m'a quittée ? Je ne vous voyais plus.

    Elle, n'était plus là. 

     

     

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  • Les mains nues

     

        Elle avait dit "L'AMOUR A MORT", elle l'avait écrit dans un présent fade, sans couleur.

     

        Son avenir jaune, un peu malade, l'éblouissait alors avec l'accent d'une autre.

     

        Son pantalon rose entortillé autour des hanches, maigres, la peau presque transparente, elle marchait les mains nues...

     

     

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  • Sourire entendu

     

     

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        L'enfant était triste. Sa mère l'avait grondé un peu trop fort, mais je ne croyais pas que cela ait pu être la cause de son chagrin. Il était maintenant occupé à cueillir des roses. Il se penchait sous des branches, les soulevant délicatement comme pour ne pas se faire mal...

        Sa mère eut un sourire entendu en recevant le bouquet des mains de son fils adoré. Elle serra les fleurs contre son sein sans même avoir pris le temps de les respirer. Elle hurla comme si les morsures des épines étaient d'un lézard...

        L'enfant, qui avait choisi les fleurs une à une, laissant la vie à quelques bourgeons - effleurant leurs pétales ou caressant la lumière du soleil dans leurs feuilles, parfois déchirées, ou de travers...

        Cet enfant-là ne dit rien, bien qu'il eût préféré recevoir lui-même l'étreinte. Il voyait maintenant les pauvres roses écrasées, comme tombées, sur les tasses à café laissées là-bas sur la table de jardin...

        Les pétales de roses ne tombaient pas du ciel. Ou bien, quand cela se passait c'était pour une cérémonie, un carnaval, une fête religieuse... Etaient-ils si rares qu'on ne pût les recueillir comme de la manne ?

     

     

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