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  • Mourez, la fleur !

     

     

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        J'allais vite, elle ne courait pas, nous marchions ensemble. Le bleu du ciel, passé, la rosée, évacuée. La pluie tomba comme un four...

     

        Elle sourit, les yeux pleins des heures aux cornets surprises et aux volets absents, à la chair pitoyable et sûre. La nuit avançait sans entrailles, tandis que j'étais mort...

     

        Nous entrions dans la lumière éteinte de l'endroit... Ne voyant qu'une chevelure brune et farouche sans quiétude, je ne savais plus, qui de la femme ou de la mort j'aimais - celle que je préférais.

     

        Je fis rouler mon regard et aperçus son corps, enveloppé, à part. Occupée à caresser l'arrête de son nez, tout du long - je craignais de la voir occuper tout le visage... elle inclinait la tête avec régularité.

     

        Mes univers imaginaires prompts à l'amour facile ne me faisaient respecter que les silences de partition d'une armée d'automne... sa voix réchauffait l'hôte avec le vin.

     

     

    "Comme les parenthèses vous pèsent, jeune mort..."

     

    Mourez, la fleur !

     

    Femme, que vous emportez-vous ? J'ai refusé de battre la mort... Je tue.

     

    Vous refusez : moi aussi.

     

    La quoi ? Je ne vous entends pas. La cloche, que j'écoute la cloche. La vache me regarde indigne. 

     

    Mes amis sans voix, où étiez-vous ce jour où la vie m'a quittée ? Je ne vous voyais plus.

    Elle, n'était plus là. 

     

     

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  • Les mains nues

     

        Elle avait dit "L'AMOUR A MORT", elle l'avait écrit dans un présent fade, sans couleur.

     

        Son avenir jaune, un peu malade, l'éblouissait alors avec l'accent d'une autre.

     

        Son pantalon rose entortillé autour des hanches, maigres, la peau presque transparente, elle marchait les mains nues...

     

     

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  • Sourire entendu

     

     

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        L'enfant était triste. Sa mère l'avait grondé un peu trop fort, mais je ne croyais pas que cela ait pu être la cause de son chagrin. Il était maintenant occupé à cueillir des roses. Il se penchait sous des branches, les soulevant délicatement comme pour ne pas se faire mal...

        Sa mère eut un sourire entendu en recevant le bouquet des mains de son fils adoré. Elle serra les fleurs contre son sein sans même avoir pris le temps de les respirer. Elle hurla comme si les morsures des épines étaient d'un lézard...

        L'enfant, qui avait choisi les fleurs une à une, laissant la vie à quelques bourgeons - effleurant leurs pétales ou caressant la lumière du soleil dans leurs feuilles, parfois déchirées, ou de travers...

        Cet enfant-là ne dit rien, bien qu'il eût préféré recevoir lui-même l'étreinte. Il voyait maintenant les pauvres roses écrasées, comme tombées, sur les tasses à café laissées là-bas sur la table de jardin...

        Les pétales de roses ne tombaient pas du ciel. Ou bien, quand cela se passait c'était pour une cérémonie, un carnaval, une fête religieuse... Etaient-ils si rares qu'on ne pût les recueillir comme de la manne ?

     

     

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  • L'amie du facteur

       

        L'amie du facteur était la plus jolie femme qu'on pût rencontrer. Je l'avais vue tricotant son pouce dans une allée de derrière l'église et elle m'avait souri, et son sourire était d'un chat, sans éclat, sans odeur, sans poitrine et sans gant.

        L'enfant avait couru derrière la balle qui rebondissait de plus en plus haut, de plus en plus fort. Il la lui avait rapportée. Ils s'étaient parlé. Cette image dérangeait mon sommeil parce que je ne les voyais pas, mais je pouvais les entendre.

        Ils se disaient des choses, que jamais je n'aurais imaginées devoir être dites. Il n'était qu'un enfant, que diable ! Tandis qu'elle était la femme du jeune homme aux joues roses que l'on voyait vacillement sur une bicyclette, du matin au soir.

        J'étais à deux doigts de les surprendre et de les trahir. L'oreille tendue aux propos fallacieux qui fusaient d'après moi de toute part, un coeur ébahi par les senteurs asphyxiées et les couleurs perdues, au milieu de mots enchanteurs et de visages ronds.

     

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  • Six heures du matin

       
     
        Manger en saluant la foule avait été une opération très difficile !
     
        Il brandissait son petit pain - d'où dépassaient la tomate, un oeuf enduit de mayonnaise, avec un coin du jambon.
     
        Il était déjà six heures du matin, le ciel froid. Il allait s'asseoir à la terrasse d'un café. Fatigué - mais content ! 

     

     

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  • La prison du moi

     

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      La prison du moi est un parc animalier. C'est un chien, c'est un chat, ou une tourterelle. Le manège des rats s'y déroule sans fin... A la prison du moi, j'ai appris à dormir. J'ai louché, le rire au bord des yeux, amoureux d'une girafe, parce qu'elle avait trois dents !

        La prison du moi est la chose la plus ennuyeuse du monde... Elle vous prend par le col et vous colle un baiser. Elle est la mie de pain où l'on n'a pas osé plonger les doigts. A la prison du moi je suis mort cet été.

        A la prison du moi, j'ai enlevé mon chat. Il dormait dans des murs de marbre rose. Il n'avait pas froid, seulement, je l'ai enlevé, arraché à cet univers clos...

        A la prison du moi, j'ai cassé tous les murs. Ils étaient trop nombreux, trop gras et trop paresseux. Mon marteau à la main, j'ai frappé. Ils se sont écroulés, les uns après les autres.

        A la prison du moi, je demeure toujours seul. Mes amis sont partis, par les trous du palier... Les rongeurs et les autres, tous m'ont abandonné.

        A la prison du moi, il pleut chaque Dimanche. J'ai mal essuyé ma manche... Le chat dort dans mon ventre ! Taisez-vous, s'il-vous-plaît, il aime tant ses rêves... Ce sont d'ailleurs les miens.

        A la prison du moi, je suis mort ce matin, et mon corps demeure, inutile paroi. Là où vous me verrez, je parlerai de moi, à vous, qui que ce soit... A la prison du moi, j'attends mon chat.

     

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  • Rebecca Huppe

    Rebecca Huppe ? A cause du livre de Daphnée du Maurier, et du symbolisme de l'oiseau dans la quête de son roi. Mon premier pseudo, avant Ma Damix... Aujourd'hui ? je n'en porterais pas.

    Il s'agirait donc d'un petit paquet de feuilles - que j'avais rangé et non perdu, écrit entre 1995 et 1996. J'ai le sentiment qu'il m'aura conduite au gap de ce passage poétique dont je ne reviens pas.

    C'est pourquoi j'aurais souhaité l'offrir à votre lecture - vierge de mon passé.

    Merci d'accepter...

    C'est un titre : De l'un à l'autre, qui sera présenté sous la forme de patches.

    Mon meilleur commencement,

     

    Marie-Gabrielle Montant

     

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