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Rebecca Huppe

  • Allez, mon Frère...

     

     

     

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    De l'un à l'autre se lit comme ce patchwork du passage poétique dont je ne reviens pas, offrant d'y trouver de meilleurs commencements. Vous - les yeux de biseaux - montrez-moi ce chemin, fréquentable : je veux y souffrir les caresses, et conduire - votre peuple, au roi... j'aime avant tout écrire - fichant les contradictions... debout - assise, ou rien derrière - j'ai besoin de faire l'amour. Vous m'avez avertie - que je serais - peut-être, celle dont vous avez besoin - pour consumer, quoi ! - l'ardeur de vos vingt ans ? Ce balbutiement est erreintant : je veux un homme... ouvert... à la parole... des autres... un mec... s'offrant, à - soi ?

     

    Ô mon Amour... des bas de soie qu'on jette

    Ô Tourterelle... au ventre lourd

    Sois donc tournée !

    Vanté l'atour litigieux !

    Et velu ton retour !

    Ô absence, cadence de ma vengeance !

    Tu mentirais son coeur...

    Je vomirais le sien... 

    Et nous vivons quand même ?

     

    Vous osiez l'ombragée : je suis ici dans l'idée seule de plaire : Rebecca Huppe : poète en atmosphère. Robotisée, a traduit juste - dévissant l'esprit - promis d'y faire un axe de vies demeurées un enfer... Aura livré, sans vos pardons - la guerre de drus calices - parfaitement développés. Mesurez, le premier - cet effet - de l'étoffe - parée - pour vous - de son coeur - ouvragé - puisqu'enfin, vous lisez ?

    Je pose ma langue - sur un désir de fourche, mon âme - réduite, tandis que, de sa trace - associe, ventre - et sein - coeurs au dos, de ce qui contient, le beau moellon - offert de boire, à l'ongle d'une proie, giflant - la griffe - au visage, de traits - silencieux. J'ai besoin... du pardon.

     

     I'm fucking right in love with you...
     
     
     
    Monsieur mon étranger, je crois que vous lisez dans la faction de mon épaule... et devine un visage aigu, ma main mise à l'écart, votre lecture d'une page froissée du banc des heures timides... Je vous lis ce double couplet dont un rejet fera la porte étroite, et vous continuez... la confidence ? 
     
     

    Because it's you.

     

    Because it's me.

     

    Allez, mon Frère... allons, Grand coeur Sauvage ! Nous partons - tous les deux, au revers de ma page - bénis du seul désir de vous, dont la voix suffit  même à mentir à ce fou qui dit de l'anathème - qu'il est - Amour de tout... Lisons des pages écrites, échappons au détroit volage, et quittons ce malheur - étant, toi et moi - nous ?

     

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  • Because

     

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    Because it's me.

     

     

     

     

     

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  • Monsieur...

     

    776420680.jpgMonsieur mon étranger, je crois que vous lisez dans la faction de mon épaule... et devine un visage aigu, ma main mise à l'écart, votre lecture d'une page froissée du banc des heures timides... Je vous lis ce double couplet dont un rejet fera la porte étroite, et vous continuez la confidence ?

     

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  • I'm

     

    I'm fucking right in love with you...

     

     

    Catégories : Rebecca Huppe
  • La griffe

     

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    Je pose ma langue - sur un désir de fourche, mon âme - réduite, tandis que, de sa trace - associe, ventre - et sein - coeurs au dos, de ce qui contient, le beau moellon - offert de boire, à l'ongle d'une proie - giflant, la griffe, au visage, de traits - silencieux. J'ai besoin du pardon...

      

     

    Catégories : Rebecca Huppe
  • Parée

     

    Vous osiez l'ombragée : je suis ici dans l'idée seule de plaire : Rebecca Huppe : poète en atmosphère. Robotisée, a traduit juste - dévissant l'esprit - promis d'y faire un axe de vies demeurées un enfer... Aura livré, sans vos pardons - la guerre de drus calices - parfaitement développés. Mesurez, le premier - cet effet - de l'étoffe - parée - pour vous - de son coeur - ouvragé, puisqu'enfin vous lisez ?

     

      

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  • Ô

     

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    Ô mon Amour... des bas de soie qu'on jette

    Ô Tourterelle... au ventre lourd

    Sois donc tournée !

    Vanté l'atour litigieux !

    Et velu ton retour !

    Ô absence, cadence de ma vengeance !

    Tu mentirais son coeur...

    Je vomirais le sien... 

    Et nous vivons quand même ?

     

     

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  • Mec

     

    584573997.jpgDe l'un à l'autre se lit comme ce patchwork du passage poétique dont je ne reviens pas, offrant d'y trouver de meilleurs commencements. Vous - les yeux de biseaux - montrez-moi ce chemin, fréquentable : je veux y souffrir les caresses, et conduire - votre peuple au roi... j'aime avant tout écrire - fichant les contradictions... debout - assise, ou rien derrière - j'ai besoin de faire l'amour. Vous m'avez avertie - que je serais, peut-être, celle dont vous avez besoin - pour consumer, quoi ! - l'ardeur de vos vingt ans ? Ce balbutiement est erreintant : je veux un homme... ouvert... à la parole... des autres... un mec... s'offrant, à - soi ?

     

     

     

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  • Voilà

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     Voilà ce que l'infidélité rend possible impossible. 

    Je dis que l'on n'oublie jamais.

     Et puis la douceur d'élan chère - préservée.

     Nous sommes le propre voyeurisme. 

     Queue de je m'en fichant des survivances à l'autre. 

     Base et menton des mots, demeure en fonds...

     Il arrive de connaître un avis de l'ordre du sensible... non pas du monde. 

     Onde au plaisir et le nôtre et le mien qui n'est rien sans la retrouvaille.

     Eternité perdue d'un temps des inductions coulant source au savoir.

    Et sans vous ? A la question du tort ? Du vrai baiser...

     

     

     

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  • Je vous salue Marie

     

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    GIOTTO, Saint-Jean l'Evangéliste 

     

     

     

     

    Je vous salue Marie,

     

    pleine de place,

     

    le Seigneur est entre nous,

     

    vous êtes bénie dans toute femme,

     

    et je suis avec vous.

     

     

     

     

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  • L'âme solitaire

     
     
    Les mots sont un secours à l'âme solitaire. Point de ces forces - en eux - mais de sa rime, en feu... Etant un seul recours au Père.

     

     

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  • Satisfait...

    Je crois en Dieu - manifeste... Votre contact me satisfait. J'étrangle un peu seulement les pages.

       

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  • La fin

     

    Vous récupérez ? Bien... Allongez désormais votre sexe athlétique, afin que l'angle de... l'orbite, vous soit facial en plein. Vous jouissez sereinement, lorsque j'habite, paraissez, mangez des yeux, ruez, respirez vite, amadouez, chantez, louez, branlez donnant l'exemple, identifiez, violez la voie, réclamez de l'être entier... l'outrecuidance, et m'aimez.

     

    Votre violine est une embrouille, mais je le sais. Oter votre peau de bête et laissez paraître, tout de bon, votre manutention fluette. Oyez que je fais mieux, que vous peut-être. Prenant à deux doigts votre silex en douce, arpentant l'archer, découvrant la couette sous laquelle vous dormiez, dérangé par ce grand corps qui rôde... prenez peur ! hurlez muette et retranchez-vous.

    Vous m'aimez ? Comme je le souhaite... mais votre chaleur est réserve de mon énergie, ce dont j'ai besoin, ce qu'il me faut, ce que je mange lorsque la soif atteint mon insigne vouloir. Ronger vos chairs qui s'apitoient, mâcher la glaise - entre le doigt... violer la quête, de qui se doit de rester fier - face à pareil émoi !

     

    Vouliez-vous... que je fête ? Faites-le - à moi, buvez mon sang, saoulez ma gorge - entrez en vitesse dans ce qui se doit et s'apprêtait à vous dire l'amour à l'amourette d'autres vies que la nôtre, à ce point, celui qui vous octroie un droit d'être à moi - touché, vernis, voulu, biaisé, cambré, déformé, enmagaziné, émoussé - embrasé à l'orée de ce qui ferait... moi - peut-être ? Je ne redis jamais ce que je lis, en tête ! Et sachez-le... Monsieur.

     

    Vous embrasez ? Peut-être, léchant l'être et caressant les veines - ces tissus qui se vendent, exposés, laissés contemplés mûrs, regrettés, retournés, manipulés, respirés, léchés discrètement, bouffés, poussés, modelés, dits, caressés, travaillés, ancrés à l'intérieur du corps de la femme qu'il aura fait parler, fera encore...

     

    J'aime le grain - le toit de l'avant-garde, je le veux garder près de moi tout près, je le veux pour moi. Vous saurez lécher vous. Je saurai aimer vous. La plume est alouette, mais je suis sur vous. Vous - honnête, vous transparent, vous que je ne veux pas par vous. Votre liasse est ce rivet de sang que j'aperçois et qui m'appelle et sans accent et je le cueille et il me prend. Je l'approche avec des lèvres noires, que je verticalise - quand lui se rend.

     

    Mes dents en appellent à mes yeux. Elles se veulent cacher pour vêler, ébouriffer ce qui se verrait mieux, ce qui se prendrait délicat, comme un être étranger, comme un bébé, cette brindille jolie, dont on ne sait si du dehors se fait, ou du dedans. Se trouver dans la position bonne, pour l'embrasser. La lèvre se fait fragile...

    La main se fait relai, et vacille. Plus rien, ni personne - plus que de soi à l'autre qui ne sera pas. L'oreille. Vous prenez, vous changez, vous marquez, vous pouvez. Les doigts démoulés, face au modèle - se voient, se posent - essayés, ventousés, cadrés, dirigés, échaudés, veloutés, parlants - prospérant, sur cette peau qui - douce, aura tout à coup fait semblant.

    Lécher, oui ? Buter, peut-être...à cet entrejambe absent, à cet objet... évanescent que sont les traits que j'abandonne, au profit de l'objet. Je me penche et la bouche colle. Elle s'enfonce, négligemment - se repose, s'endort, mais non, les dents rencontrent au fond, elles s'entrouvrent, et remontent la tête ! 

    Soudain, je suis l'horizon, et seul soleil à l'horizon. Votre fourreau est plein de ses denrées rares qui font la voix rare et le désir entier. Ces denrées rares sont à moi, si je les fouette d'une langue assidue, voulue, attendue, mordue par temps de fête...

    Je le fais et me sens seule. Je réclame, détends, soustrais, langue ouverte, palais plat, bout de moi qui ralentit, bout de moi approfondi, votre rêve meurt. Vous jouissez, mais il ne faut pas s'arrêter là. Continuez ! J'ai besoin de votre reflet noir ! J'ai envie de vos caresses  internes, de vos reliefs éteints, de votre main honnête... et de ce plein que je caresse, attendue, éplorée, déflorée.

    Un grand trait, un grand très comme ça. J'ai envie de vos mains sur moi. Je me tus. J'ai envie de partir, exposée, grandie, vertébrée, aimée surtout - violée, presque. Enrubannée...

     

     

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  • Cette interview...

     

     

    Non pas contradictoire... Je m'ouvre ! Je refuse de vous expliquer, autrement qu'à vous dire les yeux fermés que je suis prise, obligée de vous l'écrire, dépendante de mes yeux en aveugle et sans la mémoire, folle de votre silence.

     
     

    Mes seins d'ambre ont couronné votre espoir... Votre parfum m'étrangle à la voix... Je veux la séparation de la droite et de gauche. Le brouillard s'établit en axe. Nous sommes deux et l'attente. Votre amour me fait disserter. Je préfère voler sans mourir suicidée ? Mourir sans voler... votre parfum m'encense. Empoisonne une tête embaumée. Je vous aime sans le trouble abîmé. Prends.

     
     

    Le chagrin serait trop immense à vous quitter. Vous quitter ? Sourire emblématique, mien, tien, angélique ! Le corps est mort, un vers donc aussi faux. Amour de vie. La cire est à vos jambes un étroit corridor : n'y venez pas ! Encore un pas de mort, ma vie ressuscitée... Touchez-moi ! Un mot ?

     
    Centrée. A l'abordage tendre, retenant les gestes de la nausée. Votre lèvre me plaît, il faudra la trouver... il en est de quatre moitiés. Vous rougir est... Je n'aurais pas osé... déceler mon dos ! J'ai vu votre doigt, et puis vos baisers. Vous faisiez deux ensemble... Mon sexe a faim. Contaminé par d'horribles orages, outragé, desespéré, vociféré, bien désolé. Mes seins sont trop sensibles, méfiez-vous de leurs embardées.
     
    Vous courez dans mon for, je suis une autre. Vous coucher dans mon sein serait plus belle chose... Vous criez vos égards, je m'en tape et je l'ose. Léché. Hummm... lécher, flamme ambidestre, coude entré, main dans la... dresse !! Je voudrais allonger. Sourde à votre détresse, vos doigts de saint curé, vous sucer, jusqu'à l'os, un sang de brancardier.

     

    Arrampicarmi ? Je vous l'ai dit : vous me plaisez. Cependant, votre adresse à me plaire n'est pas émancipée. Vous oubliez... mes mots, le seul danger. Le fait que vous bandiez mes yeux, je veux dire DANS mes yeux, les mains du féminin sans antre, vos mains des veines, mon pastiche, ma main, votre verge entre des reins, j'aimai cambrer...
     
    Ma bouche est sage, elle veut baiser. Langue excécrée, plante sauvage. Mes jambes rentrées, je bois. Mes seins courbés. Mes fesses ? rieuses - invertébrées, incapables de diriger, obtenir, demander, vouloir autre chose que ce que veut mon coeur. Vous tancez ? A l'égalité bandée ?
     
    Vous n'avez qu'à mieux faire ? Je décris, seule, et mon refus de vous. Vous qui osiez refuser la vendange ! Briser les os à son calvaire... J'allais justement LA décrire, encore debout, vêtements sans criardise, trippes et nue sous son verbe. Langue raffinée, longe sans miel, image de vos parties rampantes, parlez mais vous verrez. Le passé ne cadre pas, vous vous en fouttez, cochez...
     
    Vous qui osiez refuser la vendange... prenez entre vos mains ce coeur fin des étoiles - ma chair vivant de vous là tremble encore du dessous de furies intenses, main des cuisses vôtres, seins soyeux de pourpeline. Je dis lente ! retiens d'aller trop vite pour seoir : presse - voir...
     
    Vos baisers sont quelque chose de très doux à toucher, je les garde au creux de la paume un peu stigmatisée, oeil ouvert d'un trou noir déplaçant l'idée qu'il me faudra abattre... Vous m'aviez habillée pour un grand départ, de ma dorsale articulant le revers de la cuisse offerte, je fus effectivement debout. J'ai tenu votre sexe, caressé mon poignet doucement au contact des ventres et vrillé la chaleur ouverte d'absences stoïques... vous, grand meneur de spirale, ma bouche à vos entrailles directement posée, ici, au lit.

    Vous vous trompez. Je ne serai jamais vêtue de noir. Trop porté. Aime encore. Envie de quoi ? De cet autre encensoir à boire velu des ombres claires la vie qui vous paralysait. Point de souffle, pas de vos baisers. Vous mentez.

    Je vais faire l'amour faux parfais, un cul de roses à lécher vernis contraire à la solitude. Et puis, doucement m'appuyer hêlée par un cou qui réclamait les bras du nu, voler du temps à l'attente trouble du désir. Fermer les yeux sur vous. Ne pas vanter la dignité. Ce qui serait. Le plus passionné, calculable désormais.

    La face à vous, je veux des seins à lécher moi aussi, qui soient sensibles où que votre sexe bataille à l'intérieur de moi. De mon ventre exorciste, et du vagin d'enfant, je veux sentir la houle et ne plus dire au mort qu'il peut encore passer. Mon cul savant s'avance à vos huit restés forts, vous me tenez, j'entends, la profondeur aiguise, le plaisir fend...

    Vous avez accroupi la lèvre à l'élément sauvage, mon sourire émancipe, vous m'observez serré, vos tresses chamarrées en ont caché un autre, et vous aimez le dire, enterrez le mystère qui nous tenait unis. Laissons-les libres d'amuser, de plaire, et de palire... Sursaut de vos énergies, vous me renversez. Je ne sais plus mon âge. Surtout, je veux mourir, alors que vous m'aimiez.

    Vous hurlez, je vous baise, vous entrez dans ma voix. Je sais que je sais votre nom fort. L'esprit s'élève et mon regard égare. Votre esprit, le mien bientôt si je l'inspire... vous êtes chaud, de la bonté à l'intérieur. Je vous veux dans ma tête vos lèvres transpirant à mon cou du désir de me prendre encore... J'ai besoin de vos mains d'aigle, accrochées à vos pailles. Vous avez bu ma sève, je la sentais couler en moi. Et maintenant j'attends les épousailles, la tête un peu penchée comme une fleur éteinte, mais si belle, en pause... mariez-moi.

    Ma jeunesse est selon que vous vouliez l'amour ou seulement la donzelle. Je vous en prie, partez, monsieur d'un autre siècle. Revenez plus heureux, ma main entre vos fesses... à vous saisir les cordes, à vous dominer mieux. A pénétrer, d'un cercle vos mignons petits creux, ceux qui amusent et pendent, ceux qu'on aimerait mieux en bouche comme cueillie la cerise à cet arbre... mmmmon dieu ! Vous étrennez, mon vieux.

     

     

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  • Le Garde-Manger de l'Araignée (synopsis)

     

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    Rebecca est une jeune fille de vingt ans. Elle a  un demi-frère, Sacha, âgé de vingt cinq ans.

    Sacha, fougueux et sensible, aime sa demi-soeur d'Amour, mais il sait que leur lien de parenté lui interdira de réaliser son désir.

    Sacha est déchiré par cet amour impossible. Il décide alors de s'éloigner de Rebecca.

    Il quitte la maison et devient écrivain.

    Il reçoit alors une lettre de sa mère, Clara, qui va bouleverser sa vie.

    Celle-ci lui apprend qu'elle n'est pas sa mère génitrice.

    Sacha est le fils naturel de son père, décédé, et d'une jeune femme qui n'a pas voulu l'élever.

    Sacha devient libre d'aimer Rebecca mais il décide de maintenir la jeune fille dans l'ignorance de sa véritable identité.

    Il l'initie au désir par la correspondance qu'il établit avec elle de plus en plus intimement.

    Clara se décide à dire la vérité à Rebecca au sujet de l'identité de Sacha.

    Face à la levée de l'interdit, Rebecca va s'avouer le désir qu'elle éprouve pour Sacha.

    Libérée, elle le rejoint.

    Ils deviennent amants.

     

     

     

    Chère Rebecca,

     

    Ta présence me manque, et pour le cas où tes sentiments rejoindraient les miens, je t'écris ces quelques lignes pour te rappeler mon existence.

    Pour te dire qui je suis, afin que tu sois rassurée sur ton sort et sur le mien.

    Tu disais que tu étais belle et que j'étais beau. Nous avons à nous détacher de cette beauté-là.

     

    Que mes baisers se posent sur chacun de tes sourcils les plus épais du monde.

     

    Je suis ton capitaine !

     

    Sacha

     

    Post Scriptum : 

    Je joindrai à chacune de mes lettres un petit morceau de mon cuir... C'est mon oeuvre, chère petite soeur, et c'est toi qui me l'inspire. En voici le titre, adorable : le Garde-Manger de l'Araignée. Et l'araignée, c'est toi, n'est-ce pas ? Je sais que tu vas hurler mais tu peux te contenter de m'écrire, pour une fois.

     

    Elle était toute petite, là, toute ramassée, craintive et sanglante. Assise par terre, l'air entailladé, la parole hachée, elle mangeait des yeux mon regard frangé.

    Je l'interrogeai : que t'est-il arrivé, Rebecca ?

    Son menton glacé se releva d'un coup, entraînant avec elle toute sa personne. Frêle et grêle... elle était là, debout, à côté de moi - soudaine et blanche...

    Mon regard, ou mon absence de regard semblait alors vouloir m'emporter dans un tourbillon. On ne pouvait pas parler de vertige, on ne pouvait pas parler du tout. Ni elle, ni moi.

    Il fallait revenir à l'instant présent dans cet être champêtre - ce tout petit moineau, pour la voir, sans la contenir : c'était l'effort à faire naître, la vérité à conquérir... J'étais maître de la situation et j'en avais la certitude, mais à peine arrivée voulut-elle repartir.

    Pourquoi ? demandai-je. La vie va trop lentement, me dit-elle. Elle n'est pas belle.

    Il me resta alors à lui montrer, de l'intérieur, comment pouvait encore se comporter la vie. Et pour se faire, être moi jusqu'au bout...

     

     

     

    Sacha,

     

    Mon cher Sacha, tes paroles sont limpides mais elles me donnent la nausée.

    Tu sais bien...

    Tu peux bien marcher, toi, dans la tourbe, mais moi, si j'essayais, c'est déchaussée que je sortirais de ce magma noir !

    Je te laisse néanmoins prendre tous les risques que tu voudras quant à nos âmes.

    Je m'occupe moi de tes bras - qu'ils soient ballants ou veuillent danser notre élan.

    Reçois des baisers enchanteurs.

     

    Rebecca

     

     

     

    Rebecca,

     

    Tu me serres dans tes bras, Rebecca, j'en suis sûr.  Alors ne va pas trop vite, ma chère enfant ! toi et moi, savons voyager dans le temps, traverser toutes les cours d'Europe... N'est-il pas vrai ?

    Voici - pour cette fios, Rebecca, un morceau qui aurait pu venir de toi.

    J'attends tes réactions.

    Le plaisir des mots est indéniable. Un JAMAIS est également plein de marmelade, comme un coussin, jauni par le temps des bons souvenirs, ou des mauvais temps de l'enfance. Un danger, l'enfance...

    Je sais qua la poésie te plaît, et t'embrasse.

     

    Sacha

     

    Quelqu'un s'amuse à nous coudre dos à dos. Il nous faut rester dans cet enclos où nous avons été parqués. Moi je suis cible sensible.

    L'enfance nous lie par un danger omniscient, un gloulot d'étranglement. J'y retourne les yeux plissés pour m'interroger : quand cesseras-tu de tout représenter ? Que s'est-il passé ? Pourquoi es-tu seule maintenant Et pourquoi ton frère est-il parti ? Réponds à cela !

     

     

     

    Sacha,

     

    Pourquoi agis-tu ainsi ? Tu exagères. Tu n'as pas à écrire pour moi. Tu n'as pas le droit de rester loin. Nous pourrions parler... Que caches-tu ?

    Suis-je si cristalline que que tu ne puisses de fier à aucune de mes notes ? Suis-je si changeante que tu doives parler pour moi ?

    Ton travail est bon mais il me fait peur. Ecris moi plus gentiment la prochaine fois.

     

    Rebecca

     

     

     

    Rebecca,

     

    Je t'aime et c'est chacun son tour maintenant. Alors sois bien attentive car, à l'intérieur, si l'on se sent blessé - à l'extérieur, on ne montre rien : jamais rien.

    Tu ne fais que passer, et derrière toi traîne une ombre qui se distend, à l'infini, comme un fine toile d'araignée ! C'est encore un fil, oui, un très long fil, où elle ne fait elle-même que passer...

    J'ignore donc tout de sa trame.

    Comment l'araignée a-t-elle sa place dans ton univers clos ? me demanderas-tu. Et je te répondrai... que je suis son garde-manger, parce que tu le sais déjà, Rebecca.

     

    Sacha

     

     

     

    Sacha,

     

    Après cette fois, il faudra que l'on se voit : tu as l'air de m'en vouloir pour quelque chose. Que se passe-t-il, mon cher Sacha ?

    Puisque tu sembles ne plus vouloir jouer, tu n'as plus besoin de m'envoyer de courriers. Adresse-moi tes écrits directement.

    Je veux bien être ta muse, puisque je suis déjà ta soeur.

     

    Rebecca

     

     

     

    Rebecca écoute-moi bien,

    Ton frère est devenu complètement fou. C'est le fantôme de lui-même. Cache-toi pour le regarder car il a peur de sombrer. Il se demande d'ailleurs s'il a jamais existé.

    A vivre constamment avec le même être, le mimétisme devient pregnant : lorsqu'il n'est plus un jeu, il devient une sorte de maladie.

    Des jumeaux, un seul aurait survécu. L'autre, on l'aurait laissé tomber comme une peau morte...

    Encore aurait-il fallu qu'elle le soit !

     

     

     

    Sacha,

     

    Que me caches-tu ? Cela m'intrigue.

    Serais-tu à nouveau amoureux ? Comment s'appelle-t-elle ?

    Continue, tu m'amuses. Même si je suis jalouse...

    Elle a de la chance ! Je suis un peu triste.

     

    Rebecca

     

     

     

    Rebecca, c'est la fin...

     

    M'affronter à lui ! Quel désenchantement... Il est si fort, qu'il me pénètrerait d'un coup d'un seul. Je n'aurais que ma langue - et encore - pas pour longtemps...

    Quel vent !

    Je n'arriverai pas jusque-là, c'est sûr, je ne le veux pas.

    Je veux encore distinguer les diablotins déguisés des amours.

     

    Je désespérais de voir un jour un de ces angelots grelottants quand l'eau - dévalant les marches rangées pour descendre à la terre, je me contentais - moi, de ce spectacle en criant : viens...

    Qui que tu sois... viens !

     

     

     

     

     Rebecca Huppe

      

     

     

    Catégories : Rebecca Huppe
  • L'oeuf

     

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    Cependant, quand elle grimpa l'escalier, son pas lent la fit paraître elle-même, aussi marmoréenne, aussi lourde que la marche à gravir, plus majestueuse.

    Elle était l'épouse de l'ogre, le petit poucet noué dans la robe en taffetas rouge et or d'une dame de trois étages : elle serait la énième femme...

    A rebours, elle arriva vite au seuil de la chambre d'Eve.

    Elle s'immobilisa sans plus entrer.

    Guête aux abois...

    Son regard métallique porté sur la porte en bois jaune, elle s'attendait à voir surgir un homme du trou.

    L'un l'autre se regarderaient...

    La lueur serait pâle, la vision floue.

    Il se jetterait sur elle sans la dévorer.

    Elle perdrait connaissance.

    Lui aussi sans doute...

    Elle ravalait son flingue.

    Tout était simple.

    L'enclos meurtrier lui était familier.

    Elle l'imaginait avec ses draps et ses parures murales, ses couleurs de bonbons déjà sucés, son tapis de plumes.

    Elle s'amusa à revoir la brosse à cheveux, et à y reconnaître les poils blonds cendrés mariés à tous les autres, les siens...

    ...les préférés d'une masse anonyme sans relève, et jamais changée...

    L'écheveau d'Eve faisait d'elle une femme à vendre mais il ne fallait pas déchoir...

    Un jour - pour un homme - tout semblerait néant.

    Il fallait crever.

    Elle laissa tomber son habit et partit.

    Elle rit alors de toutes ses dents en se saisissant du col de sa chemise : c'était son père, les noeuds faits et jamais défaits aux cravates... des souvenirs.

    Elle déambulait comme le fou dans les couloirs de son âme... aucune aile blanche...

    La scène lui revenait comme une éternelle vague de sang et le monde évanoui se redressait comme un phare qui l'éblouissait sans jamais la toucher : elle le regrettait.

    Tout à l'heure, elle charmait - sous le regard d'Eve qu'elle captivait par ses attentions.

    Eve était comme un dresseur de chevaux, au centre d'un manège quand le ressort rauque du fouet la saisit à la gorge tandis qu'on entendait s'élever la voix d'une enfant.

    Essoufflée, ne sentant ni ses mains, ni son mufle, ni sa taille, mais le courant et l'ardeur, la flèche... pas la flamme. 

    Le lendemain, Eve en la voyant courir nus pieds sur la pierre froide - peut-être malgré elle, dirait à sa fille : "cours, mais cours donc, ou bien tes pieds prendront racine !".

    Elle entrerait alors dans la pièce d'eau, où elle s'aspergerait, en compagnie des roses d'hiver et des chiens.

    Elle arracherait un fruit à l'arbre puis viendrait tourner autour d'Eve dont elle aimait le parfum.

    En attendant, elle grimpait au deuxième étage en continuant de s'imaginer Eve - en caricature - comme une poule aux dents carriées...

    Elle regardait sa montre.

    Ils étaient ponctuels.

    Elle espérait qu'ils seraient brefs.

    La peur commençait à monter comme un chant.

    Elle venait de tuer sa mère.

    Elle retirait délicatement une moitié de sucre du sucrier...

    Le bruit froid de la porcelaine la berçait de rengaines !

    Le poison était puissant...

    Eve était sur le point d'oublier tout ce qui venait de se passer sous ses yeux par sa main et par sa faute.

    L'orage éclate... elle relève la tête... sa fille est là, revenante.

    Eve veut pouvoir attraper le bras d'un tourne disque pour rythmer d'une musique nerveuse l'entretien. 

    Le silence est vite intenable - et la violence...

    Elle prend les devants, s'adresse goulûment à la jeune fille.

    Les policiers arrivents, ma chérie - ce n'est pas la peine qu'ils te voient.

    Elle avait obéi.

    Sa voix était douce.

    Les traits du visage plairaient aux hommes.

    Les courbes d'un cheveu droit, aussi.

    Le temps comme une horlogie, pouvait rendre fou...

    Il suffisait même d'y mouiller une bombe pour que la mèche se voile - la coupe et la mousse aux lèvres rouges, roses et blanches : tout se confondait bien dans la lanoline...

    Elle aurait peur, très peur.

    Le monde lui paraîtrait gris et elle entendrait bientôt les oiseaux sur le toit.

    Tant qu'elle sentirait leur présence, ça irait, mais quand ils ne seraient plus qu'une idée, elle serait folle.

    Elle pensait déjà à redescendre...

    ...le temps, suspendu comme un souffle.

    Chaque nouvelle marche comme le sablier d'une Cendrillon des sables... l'appelait.

    Elle continuait.

    Une somme de démons inconnus attendait qu'on leur ouvre.

    Eve et sa fille discutant toujuors, la petite table carrée construisit, en attendant, le triangle noir sur lequel se bâtirait l'Histoire du Monde.

    On y voyait du monde, beaucoup de monde.

    Il eut semblé pourtant que l'Arche aurait été rempli par ces deux femmes...

    La destruction était totale.

    Elle apprendraient à décliner leur nouvelle identité.

    Des hommes évoluaient, parmi des couleurs.

    A l'aube, anges et démons pouvaient constater les dégâts.

    Toutes les échelles avaient été déplacées et personne ne s'y touvait plus...

    Eve se sentait maintenant nue, à l'arrivée des hommes, et ne voulait plus : il fallait que l'autre reste où elle mourrait de honte et de chagrin.

    Rouge de colère, la fille obtenait des excuses, sortait un bout de papier de sa poche, recopiait de mémoire le texte d'Eve...

    Telle était la vision angélique.

    Que s'était-il passé dans cet escalier ?

    Cette femme était venue lui dire que sa mère avait tué son père.

    Sa mère l'avait tuée... c'est tout ce qu'elle se rappelait.

    Elle s'accrochait à cela comme à la bouée du phare...

    Oscillant de la croupe.

    Sa boussole prête à perdre le nord.

    ...L'homme serait vivant.

    La jeune fille se présenterait à lui avec un citron entre les mains, déguisée en jonquille.

    Elle était comme le prisonnier du désert...

    Face à un miroir déformant.

    L'embuement était tel qu'elle craignait de se mettre à rire au milieu des flammes...

    Ayant pris au sérieux les paroles d'une étrangère, elle s'était imaginé le pire et...

    Eve tuant son père.

    Eve n'étant pas sa mère - sa légitime tuait son mari - qui n'était peut-être pas son père.

    Comme le monde paraissait triste !

    Sauf à vouloir vivre le schéma - banal - qu'un enfant sur trois, au moins, a le droit de rêver : le coufin abandonné sur un parvis d'église, l'enfant recueilli, ou le vilain petit canard - elle était captive sur un navire pirate, qui flottait péniblement sous la Lune.

    Le cargo vient d'exploser, ne laissant derrière lui aucune trace verte...

    Quelqu'un s'est-il jamais demandé comment virait l'encre de Chine ?

    Cela aurait porté fatalement au conflit !

    Cette fille n'aimait pas les anges !

    Elle n'aimait pas non plus les oiseaux parce qu'ils avaient des ailes...

    Eve en l'abandonnant au silence froid de la pièce unique du châtelet lui avait à peu près ordonné de monter dans sa chambre.

    Elle l'avait seulement infantilisée à mort.

    Une vraie femme se doit de faire des erreurs.

    Sa mère seule existe...

    Eve avait tiré, d'un coup sec, sur l'anneau... l'autre était morte en un quart d'heure.

    On chercherait partout la femme portée disparue.

    A sa place, on trouverait des hommes un peu hagards.

    Des policiers. 

    Elle connaissait la vérité dure et tendre.

    Derrière le masque nerveux de l'adolescente fragile, quelqu'un semblait toujours attendre...

    Alors ! Que s'était-il passé dans cet escalier ?

    La nuit...

    Elle bondit hors de son lit et enfila ses chaussons noirs.

    Coiffée d'un solitaire, elle amorça enfin une descente...

    Sous l'écriteau où il avait rendez-vous, le jeune homme commençait à s'impatienter.

    Comment s'appelait-elle déjà ?

    Ah ! Eve...

    Le nom de cette femme lui plaisait. 

    Toujours tirée à quatre épingle, française, et maintenant en retard.

    Lui serait-il arrivé quelque chose ?

    Il cherchait une cabine, quand il s'aperçut qu'il prenait la mauvaise direction.

    Ce n'était pas par là qu'il voulait aller, mais plutôt par ici...

    Il sortit et s'émut de se voir assez libre pour flâner, attendre, prendre du temps... 

    Quand il comprit que c'était la peur qui le retenait d'aller plus vite, il força le pas pour atteindre la porte battante qu'il bouscula en se faisant un peu mal.

    Il parlait tout seul depuis la mort de son frère, survenue l'année précédente juste avant qu'il ne rencontre cette femme dont il ne tomba pas amoureux.

    Il attendait les cinquante coups pour raccrocher;

    Enfin ! Elle arrivait...

    Il s'élança vers elle en ralentissant dans les derniers mètres, pour mieux la prendre dans ses bras.

    Ils marchèrent un peu.

    - Le ciel est noir.

    - Tu as peur ?

    - Oui. On marche ?

    La salle était vide.

    Il la laissa choisir.

    Elle préféra une table au fond parce qu'ils y seraient plus tranquilles.

    Puis il fouilla rapidement son veston, dont il sortit l'écrin où se trouvait soigneusement rangé le bijou hérité de sa soeur, morte l'année précédente.

    Le collier lui allait.

    La fille le refusa pourtant.

    Elle s'impatienta.

    Sa robe en synthétique rouge la serrait de trop et elle avait hâte d'en finir.

    Ils ont quitté le restaurant à trois heures environ.

    Eve eut la sensation désagréable d'être suivie...

    Quelqu'un bandait un arc... mais le poisson serait petit et lui filerait entre les jambes... 

    Elle voulut s'assurer que sa fille dormait bien dans sa chambre, mais ne la trouva pas.

    Elle pensa à l'appeler.

    Par son nom...

    ...n'y parvint pas.

    Elle courut au balcon.

    Prendre de l'air.

    Il guettait maintenant au loin la cime des arbres comme on attend le gibier.

    Dans la pénombre du châtelet, il empoigna une toile qu'il choisit parmi les pinceaux.

    Et l'adossa au mur, pas loin du jour.

    A plat ventre, le menton dans les mains comme le savon dans la coquille de plâtre, il chercha la concentration du joueur.

    Non ! La Lune n'était pas à vendre...

    Il s'égosillait pour la femme qui ne l'entendait pas.

    Les anges flottaient autour de lui.

    Il voulait qu'elle les chasse...

    Que faisait-elle là ?

    Il s'approcha et la vit dormir.

    Il la prit dans ses mains et la déposa sur le lit.

    Plume.

    Il aimait la vie.

    Eve était seule.

    Le pas était feutré...

    Eve descendit l'escalier en courant, tant elle avait eu peur.

    Il la retrouva dans la cour... 

    Manchot des caves...

    Qu'avait-il à lui dire ?

    - Eve, c'est votre nom, n'est-ce pas ?

    Eve prit tout son temps pour lui répondre.

    Elle le trouvait avenant.

    Cette rencontre nocturne illuminait déjà ses nuits.

    Il était courbe.

    Elle tangait.

    Il la regardait.

    Elle le savait beau.

    Il ne se montrait pas.

    Elle le devinait seulement.

    - Vous m'aimez ?

    - Non.

    - Alors qu'est-ce que vous faites là ?

    - Vous avez besoin de moi, Eve - comme j'ai besoin de vous... 

    - Poussez-vous...

    - Eve, vous me ressemblez...

    - Allez-vous en !

    - J'ai tué ma femme, Eve, et j'ai besoin de vous.

    - Vous m'ennuyez...

    - Eve, ne soyez pas sourde...

    - Je ne rêve pas, n'est-ce pas ?

    - Laissez-vous conduire...

    - Je n'ai nulle part, Monsieur.

    - Vous aviez une fille, elle vit toujours, non ?

    Il rasait les murs...

    - Oui, en Amérique, Monsieur...

    - Pourquoi mentez-vous ?

    - Je ne mens pas... mon Amour.

    - Eve, vous êtes l'unique rescapée d'une guerre atomique... vous ne l'ignorez pas !

    - Vous êtes là...

    - Eve, réveillez-vous !

    - Mais je ne dors pas, mon Amour...

    Eve prenait de l'ascendant.

    Le cheval se cabrait...

    Il s'approcherait et viendrait lui aussi manger dans sa main le sucre !

    - J'aurai ta peau, sale bête !

    - Eve, votre fille a tout avoué. 

    - Je n'ai jamais eu de fille, alors, de quoi voulez-vous parler ?

    - Je sais que vous l'avez tuée mais elle vivait loin de vous...

    - Je vous dis que je n'ai jamais eu de fille !

    Il retournait manifestement le couteau dans la plaie de la vieille fille qui souffrait affreusement d'un manque...

    - Allons, Eve, venez vous baigner, vous en mourrez d'envie.

    - Vous êtes immonde !

    - A quoi jouez-vous, Eve... vous savez bien que je vous connais !

    - Nous ne sommes pas seuls, Monsieur.

    - Mais si, mais si, je vous assure !

    - Taisez-vous ! C'est vous qui mentez, maintenant !

    - Eve, nous montons...

    - Mais lâchez-moi !

    - ...

    - Au secours !

    - Eve, nous montons...

    - C'est un disque rayé !

    - Eve...

    - Je ne suis pas folle, dis-leur que je ne suis pas folle, ma chérie...

    - Eve, vous flottez, maintenant... 

    - ...

    - Eve, il ne faut pas tricher... montez, continuez à monter, ne vous arrêtez pas, ne regardez rien mais montez, montez encore, montez toujours Eve, je vous aime...

    - Vous êtes intelligent, Monsieur, mais cela ne suffit pas.

    - Vous aimer, Eve, est mon droit le plus strict !

    - Non, Monsieur.

    - Eve, vous êtes chez vous.

    - Merci, Monsieur, et comprenez que je ne suis plus moi.

    Encore parfaitement saine de corp et d'esprit, elle entreprit d'ouvrir les yeux.

    Elle découvrait son royaume : la cage d'un escalier en ferraille !

    Un léger courant d'air frais la fit tourner la tête.

    Courageusement, elle ramassa son corps encore souple, se releva et poussa la porte déjà ouverte...

    Un mort était là, étendu près d'un livre ouvert.

    Elle se coucha...

    Elle aimait cet homme et elle l'aimerait toujours, si seulement il était pourvu d'une quelconque existence.

    Elle était prête à tout pour le suivre, faire avec lui le dernier pas à défaut du premier.

    Eve suivait l'amour aveugle.

    Eve poussait encore une porte - la dernière.

    Je refermai le livre où je l'avais cherchée sans la trouver. Eve avait fait semblant de mourir, semblant de vivre ! L'histoire ne parlait pas de son sentiment, parce qu'elle l'ignorait - l'auteur étant décédé prématurément le jour de Pâques. 

    La bibliothéquaire m'ayant donné les résultats de son enquête, je rentrai donc chez moi la mort dans l'âme... J'étais fait comme un rat que l'amour de cette femme aurait miné...

    C'était un jour de Carnaval. Des ribambelles occupaient la rue. Je reçus un choc et quelque chose dégoulina dans mon dos. Je retirai ma veste, et la considérai doucement de mon oeil le plus noir. L'auteur du crime était une fille d'un âge encore décimal...

    - moi, je suis née tout seul !

    Elle m'enjoignait de l'écouter avec un grelot dans la voix...

    Je la pris par la main et me laissai conduire dans le brouillard sans fin d'une histoire brumeuse.

     

     

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  • Maintes reprises...

     

    A maintes reprises, ah ! Maintes reprises...  (A la vierge immaculée je dédie ces larmes, tombées toutes droit du ciel.) Ces sales pattes portées, courbées, sur ma poitrine brunissante...

    (Cette langue engourdie demande à boire... fendillée, comme la brindille.)

    Ce scarabée volant ! Cette Justine en patois. Merdier ambulant...

    Le froid est là un bras cassé.

     

     

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